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Page:La Revue du mois, année 6, numéros 61-66, 1911.djvu/137

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à l’art d’interroger la nature dans toutes les directions, et il constitue le premier et le plus important précepte de la méthode expérimentale.

L’application de ce principe n’est nulle part plus évidente que dans la méthode par laquelle Regnault mesure la densité des gaz ou le poids du litre d’air. Des mesures avaient été faites sur ce sujet par Dumas et Boussingault, mais leurs calculs faisaient intervenir une correction essentielle : celle de la poussée de l’air sur le ballon contenant le gaz étudié. Cette poussée, mal connue en raison des variations continuelles de l’atmosphère, est de même ordre que le poids du gaz contenu dans le ballon et parfois supérieure. Regnault supprime d’un coup toute correction de ce genre en employant comme tare pour peser le ballon un autre ballon de même volume et sur lequel la poussée de l’air compense exactement et automatiquement celle que subit le premier. Aussi les nombres donnés par Regnault pour le poids du litre d’air diffèrent-ils de moins d’un dix-millième de ceux qui ont été obtenus après lui en apportant à sa méthode les perfectionnements que permettait le progrès des machines à faire le vide. La densité du mercure, qu’il détermina par la même méthode, est vraisemblablement exacte au cent-millième et son résultat n’a pas été modifié.

Regnault dit lui-même :

Dans l’établissement des données fondamentales de la physique on ne doit avoir recours, autant que possible, qu’à des méthodes directes. Il faut que le procédé adopté soit, pour ainsi dire, la réalisation matérielle de la définition de l’élément que l’on cherche. Mais cette réalisation matérielle, dans des conditions offrant toute garantie d’exactitude, présente souvent de grandes difficultés. C’est à vaincre ces difficultés que l’expérimentateur doit appliquer ses efforts, plutôt qu’à chercher, par des considérations théoriques, à faire dépendre la connaissance de l’élément cherché de l’observation plus facile de phénomènes complexes.

Dumas dit encore dans son éloge de Regnault :

Critique défiant, aucune cause d’erreur ne lui échappe ; esprit ingénieux, il trouve l’art de les éviter toutes ; savant plein de droiture, au lieu de donner le résultat moyen de ses expériences, il en publie tous les éléments qu’il livre à la discussion.
xxxx Dans chaque question, il introduit quelque méthode caractéris-