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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/109

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domestique, et s’expatria ; et la marquise se détermina elle-même à finir ses jours dans un couvent.

ANGÉLIQUE

Dieu ! quelle leçon pour moi ! Mais savez-vous bien, ma bonne, que la crainte de recevoir des offrandes impures et souillées peut seule me retenir d’ouvrir mon temple à personne ? Cette maladie honteuse et humiliante, dont j’ai entendu parler quelquefois, me fait horreur.

MARTHE

Ne craignez rien, mademoiselle ; nous en parlerons un autre jour, et nous aviserons aux moyens de l’éviter. Mais puisque nous sommes sur l’article des domestiques, je veux vous parler de quelques autres tours qu’ils savent jouer pour venir à bout de leurs desseins.

Quelquefois ils ont l’adresse d’emprunter secrètement les plus beaux habits de leurs maîtres ; élégamment parés, ils se présentent chez quelque fille ou femme, dont la conduite est, ou paraît favorable pour satisfaire leurs désirs ; ils affectent un air noble, un raisonnement étudié ; et pour avoir une libre entrée, ils savent être généreux en offrant des effets de valeur qu’ils ont volés ou gagnés industrieusement à leurs maîtres. Après quoi la fille, ou la femme qui leur a bonnement accordé des faveurs, devient l’objet de leurs moqueries les plus outrageantes.