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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/110

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ANGÉLIQUE

Vous ne manquerez pas de m’enseigner à éviter des aventures si affligeantes.

MARTHE

N’en doutez pas… D’autres fois, un homme à livrée se présente ; il donne un faux billet ; il invite la femme chez son maître, qui attend, dit-il, dans la dernière impatience. Des titres magnifiques, des offres généreuses ; le chemin ouvert au bonheur ; il n’y a point de temps à perdre ; car le carrosse est à la porte. La femme se laisse éblouir, se laisse gagner, tombe dans le piège, et le carrosse emprunté la guide, par des chemins inconnus, dans un endroit écarté où, bon gré mal gré elle doit être le jouet du cocher et de ses camarades. Après quoi on la ramène en triomphe, blessée, presque à la mort.

ANGÉLIQUE

Dieu ! vous me faites frémir ; mais la police ne saurait-elle punir ces assassins ?

MARTHE

La malheureuse oserait-elle en parler ?… Encore deux traits sur les ruses et les artifices que ces perfides savent employer pour aller à leurs fins.

Un domestique voulait absolument manger au même plat que son maître. Ne pouvant autrement atteindre le but qu’il s’était proposé, un jour que son maître était allé dehors pour ne