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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/135

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ses yeux que des tentations pour le mal[1] ? »

Mais que direz-vous, mademoiselle, si je soutiens que vous devez plutôt vous faire conscience de ne pas satisfaire vos penchants, lorsqu’ils sont violents, que de ne pas contenter les désirs enflammées dont peut être tourmenté sans cesse quelqu’un de vos amants ?

Si vous vous sentiez consumer d’une faim dévorante, ne seriez-vous pas coupable, si vous ne cherchiez point à satisfaire ce besoin impérieux ?… Si quelqu’un, brûlant de soif, vous demandait un verre de vin ou d’eau pour l’étancher, n’auriez-vous pas un cœur de tigre, si vous osiez le lui refuser !… Une chaleur imprévue vous saisit, anime toutes les parties de votre corps, vous brûlez ; quelqu’un se présente pour jeter de l’eau dans le feu, et vous ne laisserez pas éteindre l’incendie ?… Une affreuse langueur menace les jours d’un jeune homme qui vous adore ; vous avez la médecine pour le guérir, et vous ne le ferez pas ?… Un jeune, berger était parvenu…

ANGÉLIQUE

Est-ce quelque jolie histoire que vous allez me raconter ?

MARTHE

Oui, mademoiselle, si cela vous fait plaisir.

ANGÉLIQUE

Vous êtes bien sage, ma bonne ; je vais vous écouter avec l’attention la plus sérieuse.

  1. Les Inconvénients du Célibat. Chap. IV. p. 22.