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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/136

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MARTHE

Un jeune berger était parvenu à cet âge où la nature parle chez nous d’une voix très forte, et où il est impossible de lui imposer silence. Habillé toujours avec propreté, quoique sans aucune élégance, à sa démarche, à sa beauté, il aurait trompé Vénus même, qui l’aurait pris pour Adonis. Il avait toujours vécu dans la plus grande simplicité d’esprit et de cœur ; c’est pourquoi la première fois qu’il aperçut son membre enflé, tendu, raide comme une barre de fer, il prit cela pour une maladie dangereuse, et courut tout de suite chez le docteur du village, pour y apporter du remède.

Le savant médecin en rit au fond de son cœur ; mais dans la bonne intention de gagner toujours quelque chose, il lui donne, dans une petite bouteille, de l’eau pure d’une fontaine, lui faisant accroire que c’était une liqueur fort rare, qu’il avait fait venir de loin à grands frais. Il lui raconta des merveilles de cette eau, et lui ordonna d’en arroser sa machine ; et cette eau froide en amollit bientôt la raideur.

Le jeune homme cria au miracle ! et il promit de lui porter du beurre, de la crème et du fromage, pour avoir de cette liqueur prodigieuse. Mon médecin fit la bêtise d’en parler à sa femme qui, par pruderie, fit bien des grimaces en l’écoutant ; mais le lendemain quand elle vit venir le beau garçon, elle voulut satisfaire sa