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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/139

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« — Mais si monsieur est au logis ? il ne me guérira jamais aussi bien que vous !

« — À quelque distance de la maison, joue de ta flûte, ou chante quelque chanson ; j’irai t’ouvrir par la porte du jardin, laisse-moi faire.

« — Mais, madame, qu’avez-vous ?… Deux nouvelles roses couvrent vos joues… Vous me fixez sans mot dire… Je sens que vos mains tremblent en serrant les miennes ; avez-vous mal ?

« — Oui, mon petit médecin, rends-moi la réciproque, viens, viens me guérir.

« — Très volontiers, ma chère dame. »

Que dites-vous, mademoiselle, de ces guérisons prodigieuses ? Blâmerez-vous cette dame d’avoir eu pitié de ce pauvre garçon ? Reprocherez-vous à ce jeune berger d’avoir été reconnaissant envers sa bienfaitrice ?

ANGÉLIQUE

En vérité, je n’ai pas le cœur de les blâmer ; et je vous avoue sincèrement qu’à ce récit j’ai commencé à ressentir un petit chatouillement et une certaine démangeaison… qui me donne du plaisir et des tourments.

MARTHE

Voilà le langage de la nature, il faut l’écouter. Profitez des avantages de votre brillante jeunesse, avant que le temps vienne, temps de regrets et de chagrins, où personne ne veut plus de nous.