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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/141

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On appelle honneurs funèbres les cérémonies éclatantes et fastueuses qui accompagnent les cadavres au tombeau, et qui ne servent qu’à satisfaire l’orgueil des parents et l’avarice des prêtres. Quels honneurs !

On appelle les honneurs du Louvre le droit de ne pas devoir marcher avec ses jambes, mais de se faire traîner en carrosse ou à cheval, au risque de se casser les bras et le cou, dans la cour des maisons où le roi est logé. Quel honneur !

On appelle les honneurs de l’Église les prééminences, les titres, les droits, qui ne sont que des usurpations, l’orgueil, en un mot, des gens d’église, pendant que leur chef, Jésus-Christ, plaçait l’honneur dans l’humilité la plus profonde, et dans la plus parfaite égalité. Quel contraste d’honneur !

On dit : « Faire les honneurs d’une maison », lorsque quelqu’un reçoit chez lui, selon les règles de politesse établies, des personnes qu’il déteste souvent du fond de son cœur… On dit : « Faire honneur à un repas », quand on y mange bien, qu’on y boit mieux, et qu’on témoigne, par conséquent, qu’on est bon gourmand et excellent buveur. On dit : « Faire honneur à une lettre de change », pour dire qu’à son échéance on fait son devoir en la payant.

Voyez comme les actions les plus indifférentes, les plus communes sont honorables chez nous ! Si l’on rencontre quelqu’un de connais-