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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/157

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que l’amour me prépare, je suis toute disposée à m’y livrer…

Qu’il vienne, et s’il m’aime, je le rendrai heureux, je serai heureuse.

MARTHE

Doucement, mademoiselle, j’aime bien à vous voir les dispositions les plus favorables, les plus décidées pour ce monsieur ; mais il ne faut pas aller si vite en besogne. Il faut beaucoup d’art, beaucoup de prudence, beaucoup de dissimulation avec les hommes. Ces messieurs ont tant de ruses pour nous abuser, qu’il nous faut aussi les artifices les plus adroits pour les attraper.

ANGÉLIQUE

Comment ! ma bonne, vous voulez m’apprendre à mettre dans ma conduite une fausseté révoltante ? Je n’ai jamais su déguiser les sentiments de mon cœur ; tout ce que je nourris dans mon âme, passe d’abord sur mes lèvres ; et si quelquefois, par des efforts pénibles, j’ai cherché à ne pas être sincère, tous ces efforts ont été au-dessus de moi et mon visage m’a toujours trahi. Croyez-moi, au moment où mon bienfaiteur paraîtra, j’aurai trop de peine à cacher au dehors ce qui se passera au dedans de moi-même ; il verra dans mes yeux tous les mouvements de mon cœur.

MARTHE

Cette leçon ne doit pas vous servir pour ce qui