Aller au contenu

Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 4 —


regarde votre premier amant, mais pour régler votre conduite envers d’autres messieurs, si la nature vous parle le même langage en leur faveur.

Oui, mademoiselle, sans la ruse, sans la dissimulation, on ne peut jamais aller à ses fins, on ne peut triompher. Il faut absolument que la fille ou la femme sache, avec art, persuader ses amants :

Qu’elle les aime d’une amitié toute pure, et point pour le plaisir ;

Que son amitié est tout à fait désintéressée ;

Il faut qu’elle parvienne à persuader chacun d’eux qu’elle n’aime que lui seul.

ANGÉLIQUE

Cela m’est impossible. Par bonheur que je suis fermement résolue de n’aimer que mon bienfaiteur.

MARTHE

À la bonne heure ; je ne désapprouve pas vos sentiments ; mais vous me permettrez bien de ne pas laisser mon ouvrage imparfait, et de vous instruire sur tout ce qui peut arriver. Nous ne pouvons pas disposer de l’avenir ; nous ne sommes pas les maîtresses de notre cœur ; et s’il arrive que l’amour vous parle en faveur de quelqu’un autre, oui, je le répète, il vous faut, avant toutes choses, vous couvrir du manteau de la vertu.