de morale la plus austère, des entretiens pieux ;
en un mot, que tout oblige vos voisins à vous
accorder leur estime et leur admiration. Si tout
le quartier ne peut dire que du bien de vous, les
visites des autres ne donneront aucun ombrage ;
on ne pourra point vous soupçonner ; un voile
épais couvrira vos amusements, et votre conduite
sera également irréprochable. Au contraire, si
vous ne savez leur cacher les sentiments de
votre cœur, toutes les visites qu’on vous rendra,
toutes les sorties que vous ferez, seront, à leurs
yeux, autant de rendez-vous pour le libertinage.
Dieu ! que votre rhétorique me surprend et me persuade !
Si quelqu’un vous flatte et vous dit que votre beauté vous rend digne des plus tendres caresses, qu’elle seule peut enflammer les cœurs les plus froids ; vous leur répondrez que la beauté n’est qu’une fleur qui s’épanouit, qui éclate le matin, mais qui se flétrit et qu’on écrase le soir.
Si quelqu’un vous fait une proposition hardie, vous devez d’abord répondre :
— Que dites-vous, monsieur ! votre discours me glace d’horreur ; respectez-moi, monsieur, respectez-vous, vous-même… Vous me dites que vous ferez ma félicité ! Ce sont de belles paroles qui frappent l’air et qui s’évanouissent en le