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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/164

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frappant… Malheureuse ! que deviendrais-je, si je consentais à vous écouter, si je me livrais à vos transports !… Votre goût n’est peut-être que passager : aujourd’hui, je veux le croire, je suis l’objet de vos désirs, mais demain je le serai de votre indifférence ; après-demain, de vos mépris… vos visites me seront toujours agréables… j’aime bien à vous voir… Votre absence me jetterait dans le chagrin…

ANGÉLIQUE

Ah ! voilà de la ruse, de la rhétorique, n’est-ce pas, ma bonne ? Je commence à voir clair.

MARTHE

Bon !…

— Votre absence me jetterait dans le chagrin… je ferais peut-être la bêtise de vous mander… Mais aussi, je ne vous permettrai jamais la moindre chose qui puisse me déshonorer. Si le roi même l’exigeait de moi, je le refuserais.

Si c’est quelqu’un d’église, à qui vous donniez de l’appétit, vous devez lui dire d’abord d’un ton ferme :

— Comment, monsieur ! la sainteté de votre état ne vous retient donc pas de former des attentats contre la vertu ? Votre vœu solennel n’est pas un frein suffisant à vous brider ?

Mais on vous dira peut-être :

— Eh bien ! mademoiselle, puisque vous ne voulez parler que vertu, on vous la laisse pra-