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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/174

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vie pénible de nos prisonnières sacrées. Mais est-ce que l’on perd le pucelage à ces agréments ?

MARTHE

Pas tout à fait, et quelquefois pas du tout, si l’on n’emploie à ce jeu que le doigt.

ANGÉLIQUE

Voyez, ma bonne, si je suis toujours avec vous de la plus grande sincérité ! Un jour nous sentîmes une curiosité invincible de remuer le lit de notre mère institutrice, pendant qu’elle était ailleurs, dans l’idée d’y trouver quelque instrument de pénitence ; car elle était fort dévote et ne faisait que soupirer vers le ciel. Quel fut mon étonnement de découvrir un certain instrument rond, en ivoire, d’un pied de longueur, avec deux petites boules attachées en bas !

Frappée de ce que je voyais, je demandai ce que c’était : il s’éleva une risée générale, à ma confusion ; après quoi, la plus âgée ôta de mes mains ce colifichet, se renversa tout de son long sur un banc, leva ses jupes et sa chemise, et se perça de mille coups sans relâche ; le feu était à son visage, tout son corps était en mouvement, et elle s’écriait de temps en temps :

« — Quel plaisir ! Quel plaisir ! »

Après elle, une autre ; après celle-ci, une troisième ; toutes enfin, moi la dernière, nous répétâmes le même jeu. À peine avais-je commencé, que la révérende mère entra. Elle voulait