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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/175

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en venir aux reproches et aux menaces : mais la plus âgée d’entre nous la menaça, à son tour, de tout divulguer. Elle nous traita alors avec des manières modestes et polies, et, pour nous engager au silence, elle nous promit de nous prêter le joli instrument au moins une fois par semaine, pour nous amuser.

MARTHE

Pourquoi, bon Dieu ! n’ai-je pas su tout cela ? Sachez, mademoiselle, que votre jeune officier, en sortant de chez vous, vint me voir ; il entra brusquement en disant :

— Je t’ai demandé une pucelle, et tu ne m’as donné qu’une putain.

Il n’est point d’opprobres dont il ne m’ait accablé ; je lui laissai épuiser les invectives les plus grossières et les injures les plus atroces ; mais quand je vis qu’il osait lever sa canne pour me frapper, toute vieille que je suis, j’eus l’adresse et la force de saisir une chaise de noyer qui était sous mes mains, je la lui jetai contre ; mais ce héros martial évita le coup par une retraite précipitée.

ANGÉLIQUE

Ah ! l’injuste ! l’ingrat ! le barbare !… Je comprends à présent pourquoi ses premiers baisers, ses premiers embrassements étaient accompagnés des plus vifs transports, et des témoignages les plus purs de joie et de tendresse, et pourquoi, après mes faveurs accordées, il ne fut plus le