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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/198

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cendait bien du monde. On voyait que ce dieu capricieux, à chaque instant, bandait son arc, décochait ses flèches, et blessait toujours quelqu’un à chaque degré.

ANGÉLIQUE

Mais pourquoi doit-il me servir habillé en fille ?

MARTHE

Je vous en dirai la raison… Mais moi aussi je suis curieuse de nouvelles : parlez-moi un peu premièrement de votre dernière conquête.

ANGÉLIQUE

Dispensez-moi, je vous prie, de vous en faire un long récit ; il me serait impossible de trouver les réflexions convenables pour vous peindre l’amour qu’il m’a inspiré, et les plaisirs qu’il m’a donnés. C’est le dieu même de la volupté, déguisé en simple mortel, qui a couché avec moi, et qui m’a fait passer la nuit la plus délicieuse.

MARTHE

Vous ne vous repentez donc pas d’avoir changé de mets ?

ANGÉLIQUE

Ah ! je n’en changerai plus, je trouve celui-ci trop à mon goût.

MARTHE

Comment ! vous n’en changerez plus ! Ayez la bonté de regarder ceci.