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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/199

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ANGÉLIQUE

C’est un billet de change pour cinq cents louis.

MARTHE

J’ai un autre billet, pour mon compte, de vingt louis : voulez-vous me les faire perdre, vous qui m’avez juré une reconnaissance éternelle ?

ANGÉLIQUE

Non, ma bonne, mais expliquez-moi ce mystère.

MARTHE

C’est un vieux Crésus, c’est-à-dire un vieux fermier qui, quoique penché sur sa tombe, a la folie de vouloir goûter des fruits printaniers. Il vous a vue hier à la fenêtre ; il m’a aussitôt mandée, et comme à une personne qui connaît toutes les filles de la ville, il m’a demandé de vos nouvelles.

Je lui ai fait de vous un éloge simple et sans art, mais de manière que j’ai attisé le feu dont il brûlait déjà… Si vous avez le courage, pour peu de temps, d’avaler ce vieux morceau, votre fortune est faite. Je dis pour peu de temps, parce que n’ayant plus de force pour combattre dans le camp de Vénus, après quelques petites escarmouches, il sera contraint de succomber, et vous lui procurerez un repos éternel.

ANGÉLIQUE

Vous exigez de moi un cruel sacrifice !