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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/214

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d’une voix basse et plaintive, qu’entendez-vous par terre neuve ?

Une terre qui n’a point encore été défrichée.

— Je ne comprends pas ce mot défrichée.

— Tant mieux, ma chère.

— Parlez doucement, monsieur, je vous en prie, car mon père dort ici à côté, et nos chambres ne sont séparées que par une cloison de bois.

— Mets-toi au lit, mon amie.

— J’en ai bien besoin.

— Et moi aussi.

— Mais voudriez-vous coucher avec moi ?

— Et pourquoi non ? Je pourrais être ton grand papa.

— Oh ! pour cela oui ; cependant je n’ai jamais couché avec mon père.

— Mais je suis venu pour cela ; auras-tu le courage de me refuser ?

— Vous tiendrez-vous tranquille ? Votre âge m’en assure presque ; mais l’occasion fait souvent le larron, monsieur… Je vous assure qu’au premier attentat je pousse un cri et j’appelle mon père.

— Mais pourquoi m’as-tu permis d’entrer et à cette heure ?

— Madame Marthe m’a dit que vous vouliez m’entretenir, à l’insu de mon père, sur le dessein que vous avez formé de faire mon bonheur, et elle ne m’a rien dit davantage.