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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/215

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— Eh bien ! c’est tout dire, mon amie ; oui, je ferai ton bonheur, pourvu que tu fasses le mien.

— Dites ce que je dois faire pour vous rendre heureux, et s’il dépend de moi, je le ferai avec plaisir.

— Tu te contredis ouvertement, mon petit bijou ; tu aimes à me rendre heureux, et tu ne veux pas me donner ton pucelage ?

— Et il vous faut cela pour votre bonheur ? Mais si je perds ma vertu, je serai malheureuse toute ma vie ; que mes soupirs et mes larmes vous touchent, mon bon papa !

— Tu fais bien de m’appeler ton papa ; car tu seras ma fille ; je le jure, par tout ce qu’il y a de plus sacré sur la terre et dans les cieux !

Enfin, je me laissai gagner ; nous nous déshabillâmes, nous nous mîmes au lit. Je me prêtai d’abord fort nonchalamment à ses désirs ; je poussai ensuite quelques petits cris ; à la fin, comme par obéissance, je me soumis avec adresse à ses volontés.

Après un voyage court et pénible, il se coucha de tout son long, essoufflé, épuisé, presque mourant.

— Qu’avez-vous, cher papa, lui dis-je d’un ton doucereux, en essuyant son front trempé d’une sueur froide, vous trouvez-vous mal ?

— Non, ma chère, me répondit-il, d’une voix presque éteinte ; mais j’ai eu trop de peine à m’ouvrir le chemin du bonheur.