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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/218

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MARGUERITE

Les peintres ont assez la coutume de flatter leurs modèles ; mais cela ne fait rien… Mais ce portrait n’est pas le tout. En faisant le lit, j’ai trouvé, sous le chevet, cette tabatière en or qui renfermait ce portrait, et cent louis avec que j’ai eu la curiosité de compter. Prenez, mademoiselle, tout cela vous appartient.

ANGÉLIQUE

Mais comment veux-tu, ma chère, que j’aie le courage d’accepter et de retenir ce que personne n’a mérité que toi ? Pour le portrait, je ne m’y oppose pas, puisque c’est moi qui dois le porter ; pour la tabatière, à la bonne heure, puisqu’il pourrait me demander quelques prises de tabac, et je dois lui témoigner que ses présents me sont agréables : mais pour l’argent, je veux absolument que tu le gardes pour toi.

MARGUERITE

Non, mademoiselle, le plaisir de vous obliger me tient lieu de toute récompense.

ANGÉLIQUE

Et tu veux me couvrir de honte par ta générosité ? Si tu n’acceptes au moins la moitié de cet argent, en vérité, tu me mettras de mauvaise humeur.

MARGUERITE

Eh bien ! pour vous faire voir que je ne suis point opiniâtre, je l’accepte, et je vais tout de