Bon Dieu ! que vous êtes innocente, mademoiselle. Je me plais bien à m’entremettre de beaucoup de choses, mais jamais de choses illicites. Qu’est-ce que vous appelez illicite ?
Tout ce qui est défendu par les lois divines et humaines.
Très bien, mademoiselle. Mais je ne suis point capable de vous proposer une chose défendue par les lois ; je ne veux vous parler que des choses que la nature conseille, même qu’elle ordonne. Sachez d’abord que ce que vous appelez lois ne sont que des préjugés funestes et injustes qui ne font que répandre l’amertume sur nos jours malheureux… Si je vous donnais le conseil de vous rendre religieuse, de devenir l’épouse du Très-Haut, trouveriez-vous mon conseil excellent ? auriez-vous alors bonne opinion de moi ?
Que voulez-vous que je vous dise, ma bonne ? Il faudrait deux choses pour exécuter votre conseil : de la vocation et de l’argent. Aucune voix ne m’y appelle, je ne ferais que changer de prison ; je sens bien que le cloître serait pour moi une prison plus commode, mais un repentir forcé pourrait m’y attendre. Et puis quand je