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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/266

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visite d’une dame qui vient me parler de mariage avec son fils aîné. Auriez-vous le cœur assez barbare pour empêcher mon bonheur ? En vous trouvant ici, ma conduite pourrait lui paraître irrégulière et suspecte ; et si ce mariage manquait, vous me mettriez au désespoir. Depuis quelque temps, un engagement légitime et sacré est l’unique objet de tous mes vœux ; l’occasion favorable vient se présenter, je veux la saisir… Comment, monsieur ! vous osez espérer qu’après l’hymen votre image viendra s’offrir à ma pensée ? Bannissez cette idée indigne et cruelle. Je ne songe plus qu’au nouvel objet qui m’occupe ; si l’hymen va m’unir avec lui, je veux le rendre heureux et je ferai tous mes efforts pour offrir à tout le monde le tableau le plus parfait de l’union conjugale… Vous aussi, vous pouvez me parler de mariage ? Ah ! monsieur, vous ne voudriez pas me repaître de vaines promesses ; après mes égarements vous ne pouvez m’accorder votre estime ; comment pourriez-vous m’aimer jusqu’à lier votre sort au mien ?

— Ah ! monsieur, — en cas que vous soyez mariée — si vous saviez de quels traits cruels j’ai le cœur déchiré ! Que mon bonheur avec vous a été de courte durée ! Il faut que quelque méchante langue ait cherché à vous perdre dans l’esprit de mon mari. La funeste jalousie s’est déjà glissée dans son âme. Il aura assez de force et de prudence pour vous cacher ses inquiétudes