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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/267

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et ses soupçons ; il continuera peut-être à vous traiter avec politesse, mais ne vous y fiez pas. Son naturel était si doux ; mais depuis quelques jours, l’emportement y mêle bien des nuages. C’est contre moi seule qu’il armera sa colère, c’est moi seule qui en serai la victime. Il n’y a plus de paix dans ma maison, elle y rentrera si vous vous éloignez, votre absence me conduira au tombeau ; mais mon mari me rendra son cœur, et je mourrai digne de son estime et de son amitié.

— Ah ! monsieur, si vous étiez venu un quart d’heure plus tard, j’aurais été invisible pour vous. J’attends à tout moment un saint religieux, avec qui je veux tenir une conférence sérieuse sur l’état de mon âme. Depuis quelques jours je suis très inquiète ; la nuit, je ne puis trouver le sommeil ; la honte et les remords commencent à me tourmenter… Vous riez, monsieur, mais cela ne m’empêche pas de vous dire que mon raisonnement n’est pas toujours philosophique… Je sens toute l’étendue de mes égarements, j’aurai de la peine à combattre mes vices, mais j’espère que je viendrai à bout de les vaincre.

— Ah ! monsieur, j’ai été à confesse, j’ai avoué mes fautes. Dieu ! quels reproches, quelles menaces, si je continue à vous voir ! Après bien des promesses, on m’a donné l’absolution ; mais à présent que je me suis lavée, je ne veux plus me souiller.