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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/268

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— Ah ! monsieur, éloignez-vous de moi, votre présence me glace d’horreur… Oui, c’est vous, vous que j’ai vu cette nuit, armé d’un poignard contre moi. J’ai rêvé que j’étais sur le bord d’un précipice affreux ; vous m’avez jetée dans un gouffre de feu, où mille spectres effrayants m’ont plongée dans des tourments cruels… Vous vous moquez de moi ? Vous me faites des reproches sur la faiblesse de mon esprit ? Ah ! mes terreurs ne sont point paniques. Je me suis réveillée, la première fois dans la plus vive agitation, et j’ai cherché à dissiper ces idées funestes ; je me suis rendormie ; les mêmes images se sont retracées dans mon esprit, et avec plus de violence. J’ai ouvert les yeux, plus agitée que jamais ; cependant j’ai fait tous mes efforts pour calmer mon imagination : mais ces spectres n’ont point cessé de m’alarmer. Mon effroi m’a causé un trouble dont je me sens encore tout émue… Je crois les voir encore et les entendre… Éloignez-vous de moi, je veux faire mon salut.

ANGÉLIQUE

Savez-vous, ma bonne, que votre discours me fait réellement peur ?

MARTHE

Ah ! ah ! serait-il possible ? Avez-vous peur de rêver après les diables ?

Si cela vous arrive, riez-en le matin de tout votre cœur.