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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/270

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ANGÉLIQUE

Mais dites-moi, je vous prie, et c’est la dernière question que je vous fais ; ne devrai-je pas une fois ou l’autre me confesser ? Vous m’avez persuadé, il est vrai, que tous ces amusements, dont nous avons parlé, ne sont point des péchés ; mais quelques scrupules pourraient, avec le temps, venir troubler mon esprit…

MARTHE

Voilà le fruit de mes leçons tout perdu ! Y a-t-il de la raison à se confesser d’une chose que vous avez faite dans la persuasion que vous ne faisiez point de péché ?

Supposons encore que les scrupules parlent, et que vous n’ayez pas le courage de les faire taire ; est-ce à un homme que vous devez avouer vos faiblesses ?

Je m’étonne, et tout le monde raisonnable s’étonnera avec moi, de voir que l’on ne parle, dans ce siècle, que de réformer l’Église et les États ; que l’on cherche à rendre heureux les peuples, et à remettre le clergé dans son assiette évangélique ; qu’on laisse au clergé la faculté de dominer sur les consciences et de guider les peuples, encore aveugles, par la confession auriculaire.

Non, et mille fois non ; tant que ce tribunal despotique subsistera, le clergé ne perdra point son pouvoir, les États ne seront point tranquilles, et les peuples ne seront pas toujours fidèles à