Je prévoyais bien qu’un heureux succès couronnerait mes soins. Il y a des pères qui prétendent faire aimer la vertu à leurs enfants, quand ils ne la pratiquent pas eux-mêmes ; et l’on sait bien que, si l’exemple que l’on donne est en contradiction avec les préceptes, ceux-ci ne sont jamais sacrés, ni indélébiles. Mais puisque votre père, après sa mauvaise conduite, ouvre votre cœur aux sentiments délicieux de la liberté et de l’amour, cela doit faire taire bien des scrupules…
Voulez-vous donc prendre votre première leçon ?
Oui, ma bonne, mais qu’elle ne soit pas longue, parce que j’attends la tailleuse.
Je dépêcherai ; écoutez-moi très attentivement. Je vais donc vous prouver évidemment que vous êtes maîtresse absolue de votre petite affaire, que vous êtes en pleine possession de votre corps, et que vous pouvez, sans scrupule, en faire toujours ce que bon vous semble. Ma proposition vous paraît étrange ; vous direz peut-être qu’elle choque horriblement le bon sens, la bienséance et l’honneur. Mais je saurai bien la confirmer et la mettre en évidence par des exemples, par des autorités, et par la raison même qui, bien éclairée, doit être le guide fidèle de nos actions.