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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/40

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ANGÉLIQUE

Ayez, je vous prie, cette complaisance pour moi, et vous me verrez toujours la plus grande docilité à vos instructions. Vous venez de me dire que l’homme est né libre ; pourquoi ne voulez-vous pas que je sois libre de vous interrompre et de vous faire des questions ? Tout servira à m’instruire, ma bonne.

MARTHE

Je vois bien qu’il n’y a pas moyen de reculer. Il y eut un prêtre, en Italie, qui avait fait si bien ses études, qu’à peine savait-il lire le noir sur le blanc. Il venait d’être consacré, lorsque le mercredi des Cendres, s’étant levé de très bonne heure, il se rendit chez son oncle qui était curé, et lui dit :

« — Je dois, ce matin, pour la première fois donner les cendres ; je sais bien qu’il faut en marquer le front des fidèles en forme de croix, mais on ne m’a appris qu’une formule que je trouve bien imparfaite : « Ô homme, souviens-toi que tu es poudre, et que tu retourneras en poudre ». Cela va bien pour les hommes, mais pour les femmes, que devrai-je leur dire ? »

Le bon curé rit d’abord aux éclats, puis il répondit :

« — Ta tête est celle d’une bête : homme et femme ne doivent faire qu’un. »

Le neveu le remercia et sortit, bien persuadé