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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/42

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cible attire un sexe vers l’autre. La nature qui a donné à presque tous les corps une vertu attractive, n’a pas manqué de la donner surabondamment à son chef-d’œuvre, à l’homme et à la femme. Mais cette qualité, cette vertu qui, dans les autres corps s’appelle attraction, dans l’homme et la femme doit s’appeler plus proprement : con-vit-traction. L’homme et la femme font donc un grand tort à la nature toutes les fois qu’ils ont la témérité ou la folie de contrarier cette liberté, de résister à cette irrésistible convittraction.

Tel a été le sentiment de l’antiquité la plus reculée. Dans ces temps heureux, où il n’y avait pas tant de livres barbouillés par la main des hommes qui se disaient inspirés d’en haut, nos vieux pères n’écoutant d’autre voix que celle de la nature, ne pensaient qu’à se convittriser, qu’à croître, qu’à multiplier. La libre union des deux sexes, loin d’être considérée comme une action criminelle ou blâmable, était au contraire regardée comme un acte solennel d’obéissance à la loi de notre mère commune ; et tous ceux qui se distinguaient le plus dans ce grand œuvre d’humanité, entendaient partout sonner leurs louanges ; ils étaient comblés d’honneurs pendant leur vie, et, après leur mort, ils obtenaient des temples et des autels.

Cela est si vrai que, même après leur apothéose, ces héros déifiés, selon le témoignage