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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/66

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« — Oui bien, mon cœur ! Vous savez qu’il faut au moins neuf mois pour perfectionner l’enfant que vous portez ; à peine est-il commencé ; il n’est pas peut-être encore animé. Vous ne portez donc qu’un morceau de chair ; comment voulez-vous que tous les membres se forment et que l’esprit y entre pour les vivifier ? Sachez qu’un mari, après avoir rendu grosse sa femme, doit continuer à la voir, au moins autant de fois qu’il y a de membres qui constituent notre corps ; car aujourd’hui on y met une oreille, demain un œil, après-demain un bras, un autre jour une jambe, etc., etc. Il faut donc permettre qu’un membre forme à peu près tous les membres de votre enfant, ou vous résoudre à faire un monstre. »

Vous imaginez bien, mademoiselle, que la bonne paysanne ne balança point ; elle pria même le saint prêtre de terminer l’ouvrage, et elle ne fit pas un monstre.

ANGÉLIQUE

Oh ! je n’oublierai jamais une histoire si plaisante.

MARTHE

Dans la Guinée, où les femmes sont bien faites et extrêmement portées aux travaux de l’aiguille, si les étrangers, en passant, jettent sur elles un regard de complaisance et de tendresse, s’ils leur marquent quelque témoignage d’affection, les bons maris sont les premiers