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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/76

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ANGÉLIQUE

De grâce, donnez-moi le plaisir de l’entendre. Quelque objet de curiosité détourne souvent un voyageur de son chemin ; mais il s’y remet bientôt après, et son voyage en devient plus agréable.

MARTHE

Une jeune comtesse, dont le mari un peu âgé, n’était pas trop habile au travail nocturne, avait un perroquet auquel en secret et dans un bon dessein, sans doute, elle avait appris à répéter souvent ce mot : Laquais ! laquais !

Elle avait en effet à son service un jeune laquais très bien fait. Elle voulait bien s’abaisser devant lui et agir philosophiquement ; mais elle cherchait à accorder la bienséance et ce qu’on appelle honneur avec sa passion. Que fit-elle donc ? Un jour que monsieur le comte était à la campagne, elle se mit dans l’état de simple nature, elle se tenait devant un grand miroir, et s’y regardait, puis elle dit tout bas :

« — Laquais ! laquais ! »

Le perroquet ingénieux et docile, qui imitait parfaitement la voix de sa maîtresse, s’écria :

« — Laquais ! laquais ! »

Le jeune homme qui était tout seul dans l’antichambre, accourut promptement. Il fut étonné de voir la comtesse toute nue, il voulait reculer. La comtesse fit l’effrayée en disant :

« — Ce n’est pas moi, c’est le perroquet. »