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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/77

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Elle n’en dit pas davantage, et faisant semblant de s’évanouir, elle se laissa tomber à la renverse sur un sopha qui était là bien à propos.

Le laquais cherche d’abord des eaux spiritueuses pour la faire revenir, croyant tout de bon qu’elle eût perdu connaissance ; mais voyant que ces eaux n’avaient aucune efficacité, et sentant fort bien que l’aimant attirait l’acier, il se mit à raisonner en philosophe chrétien. Il se dit à lui-même :

« La charité ordonne de couvrir la nudité de son prochain ; je vois, je sens qu’au lieu d’être glacée, elle est tout en feu et n’a rien de fermé que les yeux ; elle n’a peut-être besoin que d’être bien arrosée pour faire cesser l’ardeur qui est aux parties de son corps excessivement échauffées. »

Il lui donna, en effet, un lavement rafraîchissant ; après quoi elle ouvrit les yeux et cria avec un mouvement de colère ; mais cette colère fut bientôt apaisée, et le laquais sortit avec la permission de rentrer toutes les fois que le charmant perroquet le demanderait.

ANGÉLIQUE

En vérité, j’aime à raisonner, et je dis que la jeune comtesse n’était point blâmable. Car quand on a un mari faible et oisif, il ne doit pas se plaindre si on cherche quelqu’un qui prenne sa place ; puisque, je le crois, l’on n’aime pas à