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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/79

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ANGÉLIQUE

Mon père m’a dit, bien des fois, qu’il y avait moins à craindre à voir se déchaîner contre nous tous les diables de l’enfer que quelques gens d’église.

MARTHE

Et il a raison ; mais continuons. Il est donc permis de fixer avec complaisance, non seulement nos propres membres, mais aussi ceux d’autrui, soit dans un bain, soit dans une rivière. L’auteur qui soutient cela ajoute : « Pourvu que, par bonne contenance, on ait une ceinture au milieu[1] ». Mais un de ses confrères se moque de lui, et réplique que dans la spéculation il n’y a pas de mal à fixer les personnes toutes nues, lors même que deux n’en font qu’une[2].

ANGÉLIQUE

Mais, ma bonne, cette autorité n’est pas d’un grand poids ; car j’ai entendu dire que ce qui est bon dans la spéculation ne l’est pas dans la pratique.

MARTHE

On vous a trompée, mademoiselle ; car le même auteur continue, qu’on peut, en sûreté de

  1. Totum corpus, coopertis pudendis, il balneo, vel flumine, si necessitas vel utilitas aliqua, vel etiam commoditas, vel delectatio intercedat, absque ullo peccato aspici potest. P. Filliutius, tom. 2. c. 10. n. 7.
  2. Enim vero, si esset aspectus partium, quas pudor velat, vel ipsius concubitus, speculative quidem non damnerem. Escobar, t. 1. examen. 8. c. 1. n. 4. p. 135.