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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/86

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vraiment appeler péchés. En effet, le cri de ces péchés s’étant élevé devant l’Éternel, il prit la résolution de détruire leur ville. (Genèse XIX, v. 13.)

Mais son cœur paternel ne lui permettant pas d’exécuter lui-même son décret, il y envoya, pour cet effet, deux de ses domestiques, ou ministres, qu’on nomme anges. Ces deux anges n’étant qu’esprit, pour se rendre visibles aux mortels, empruntèrent, chemin faisant, un corps humain ; tout cela est facile à comprendre. Ce fut sur le soir qu’ils arrivèrent à Sodome. Loth qui était assis à la porte de la ville, les ayant vus, se leva pour aller au-devant d’eux, et se prosterna le visage à terre (v. 1.), et il leur dit :

« — Voici, je vous prie, seigneurs, retirez-vous dans la maison de votre très humble serviteur, et logez-y cette nuit ; lavez aussi vos pieds, pour les nettoyer et pour vous rafraîchir ; car vous venez de bien loin, ce me semble ; et vous vous lèverez au nouveau jour pour continuer votre chemin.

« — Non, dirent-ils, nous passerons cette nuit dans la rue (v. 2.).

« — Ah ! mes frères, répliqua Loth, ne faites point cette bêtise, vous ne connaissez pas bien le pays ; si vous restez à la rue, les habitants de cette ville qui vous lorgnent déjà, et qui aiment passionnément les beaux garçons, tels que vous êtes, vous bouz…ront sans doute. »