Aller au contenu

Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 70 —

Alors Amnon se saisit de Tamar, et lui dit :

« — Viens, couche avec moi, ma sœur, c’est ton joli beignet que je veux manger. » (v. 11.)

Elle lui répondit :

« — Non, mon frère, ne me fais pas violence ; car cela ne se fait point en Israël ; ne commets point cette action infâme. Que deviendrais-je avec mon opprobre ? Et pour toi, tu passerais pour un insensé en Israël. » (v. 12, 13.)

ANGÉLIQUE

Ah ! ma bonne, vous voilà tombée vous-même dans un filet dont vous aurez bien de la peine à vous débarrasser. Ne réfléchissez-vous pas à la résistance de Tamar ? Elle s’opposait donc de tout son pouvoir aux désirs de son frère, parce qu’elle ne voulait pas commettre un crime.

MARTHE

Ne vous trompez pas, mademoiselle, en changeant les termes. Vous donnez le nom de crime, ou de péché, à une action que Tamar n’appelle que honteuse et insensée. Suivez, mot par mot, le discours de Tamar, et vous sentirez la force de son raisonnement. Elle ne dit pas : « Mon frère, ne commets point ce péché, ce crime qui nous rendra coupables devant Dieu. » Elle dit uniquement : « Mon frère, tu sais que cette coutume n’existe pas parmi les Israélites ; tu sais que notre peuple attache à cette action l’opprobre et l’infamie ; tu as fait retirer ton monde, cela donne lieu à des soupçons, et si l’on pénètre