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SUR LA ROCHEFOUCAULD

et avec quelle joie il recevroit l’honneur qu’ils lui veulent faire, s’il s’en croyoit digne[1].

Mme de la Fayette avait, dit le manuscrit, ajouté ces mots sur l’adresse : « Il vous iroit remercier sans qu’il a la goutte. » En outre, au bas du feuillet portant ces deux copies, on lit ceci : ce Dans ses notes manuscrites, Huet parle de cette démarche faite, au nom de plusieurs de ses confrères, auprès de l’auteur des Maximes, et il ajoute : « M. de la Rochefoucauld refusa ce toujours de prendre place à l’Académie, parce qu’il étoit timide et craignoit de parler en public[2]. »

L’année suivante, 1680, s’annonça mal pour le duc et pour son amie. Celle-ci, en proie à de cruelles souffrances, ne quitte plus le lit, cherchant à se soutenir à l’aide du fameux bouillon de vipère tant prisé au dix-septième siècle[3]. Son âme cependant est toujours sereine : « C’est assez que d’être, » disait-elle, se résignant à son état maladif. La Rochefoucauld, de plus en plus goutteux, en est réduit aux empiriques : il a recours au frère Ange, religieux qui passait pour faire des cures merveilleuses ; puis il s’adresse au médecin anglais Talbot[4].

  1. Correspondance de Huet, 3 volumes in-4o, Ms. Fr. 15 188, tome I, p. 34.
  2. Voyez l’autobiographie latine de Huet, publiée sous le titre de Commentarius de rebus ad eum pertinentibus (Amsterdam, 1718, p. 317), et la traduction française, sous le titre de Mémoires, de M. Ch. Nisard (1853, in-8o, p. 195 et 196).
  3. Voyez au tome III, p. 155, 156 ; et Mme de Sévigné, lettre du 20 octobre 1679, tome VI, p. 58.
  4. Ce médecin, dont le vrai nom était Tabor, avait, l’année précédente, guéri le Dauphin d’une fièvre quarte, au moyen d’un remède nouveau, le quinquina infusé dans du vin. Louis XIV lui acheta son secret et le rendit public. Mme de Sévigné, dans sa lettre du 13 mars à laquelle nous renvoyons ci-dessous, montre (p. 310) Gourville s’opposant à ce qu’on emploie pour son ancien maître le remède ordonné par « l’Anglois » (voyez l’appendice viii, p. cxv). — Ajoutons, dès à présent, que si Gourville ne parle qu’une fois et très-incidemment (p. 460) de la mort de la Rochefoucauld, cela tient à ce que ses Mémoires ont, de 1677 à 1681, une lacune certaine. Nous le voyons, dans une autre lettre de Mme de Sévigné (26 mars 1680, tome VI, p. 328), couronner, en cette triste et dernière occasion, a tous ses fidèles services… ; il est esti-