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NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE

Leurs remèdes ne lui réussissent pas mieux que n’avaient fait les eaux de Barèges ; il devient évident, dès le mois de mars, que sa goutte remonte[1]. Le 15, Mme  de Sévigné écrit à Mme  de Grignan[2] : « Je crains bien que nous ne perdions cette fois M. de la Rochefoucauld ; sa fièvre a continué ; il a reçu hier Notre-Seigneur ; mais son état est une chose digne d’admiration : il est fort bien disposé pour sa conscience, voilà qui est fait. » Ce dernier mot est comme un cri de soulagement chez la marquise ; il trahit le genre de souci qui préoccupait l’entourage du duc ; on avait eu peur évidemment que ce philosophe, que Port-Royal avait en vain assiégé de toutes parts, ne mourût dans l’endurcissement de l’impénitence. Il n’en fut rien ; ce fut Bossuet qui lui administra les sacrements et recueillit son dernier soupir. « Il voulut expirer entre ses bras, dit le cardinal de Bausset dans son Histoire de Bossuet (tome II, p. 112), et être soutenu, dans ce grand combat de la vie et de la mort, par cet homme qui savait si bien parler de l’éternité à ceux à qui le temps est prêt à échapper. » Nous savons par Bourdelot, un des médecins qui l’assistèrent, que, jusqu’à la fin, du moins jusqu’à l’agonie même (voyez la page suivante), il garda sa connaissance[3], Le corps fut présenté à Saint-Sulpice et porté de là chez les Cordeliers de Verteuil en Poitou[4].

Il quitta ce monde dans la nuit du 16 au 17 mars 1680, juste au second anniversaire de la publication de la Princesse de Clèves, et presque une année après Mme  de Longueville, qui s’était éteinte aux Carmélites le 15 avril 1679[5]. Avant de mourir, il fit brûler tous ses papiers. « Il a bien fait, écrit à Bussy Rabutin le marquis de Trichâteau le 1er  avril 1680[6],


    mable et adorable par ce côté-là de son cœur, au delà, dit-elle, de ce que j’ai jamais vu : il faut m’en croire. »

  1. Lettre de Mme  de Sévigné du 13 mars 1680, tome VI, p. 307.
  2. Lettre du 15 mars 1680, ibidem, p. 309.
  3. Voyez l’appendice viii, p. cxv.
  4. Dictionnaire de Jal, p. 739. — Voici l’acte de décès que Jal a copié dans le registre de Saint-Sulpice : « Messre François, duc de la Roch., pair de France et chevr des ordres du R., décéda en son hôtel, rue de Seine, le 17 mars 1680, âgé de soixante-six ans. »
  5. Voyez l’appendice viii, p. cxv.
  6. Correspondance de Bussy, édition Lalanne, tome V, p. 96.