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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/124

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cxii
APPENDICES

monde, et je crois que je n’y répondrai pas aujourd’hui, parce que je le trouve trop obligeant. Je suis honteuse des louanges que vous me donnez, et, d’un autre côté, j’aime que vous ayez bonne opinion de moi, et je ne veux vous rien dire de contraire à ce que vous en pensez. Ainsi je ne vous répondrai qu’en vous disant que M. le comte de Saint-Paul sort de céans, et que nous avons parlé de vous, une heure durant, comme vous savez que j’en sais parler. Nous avons aussi parlé d’un homme que je prends toujours la liberté de mettre en comparaison avec vous pour l’agrément de l’esprit. Je ne sais si la comparaison vous offense, mais, quand elle vous offenseroit dans la bouche d’un autre[1], elle est une grande louange dans la mienne, si tout ce qu’on dit est vrai. J’ai bien vu que M. le comte de Saint-Paul avoit ouï parler de ces dits-là, et j’y suis un peu entrée avec lui ; mais j’ai peur qu’il n’ait pris tout sérieusement ce que je lui en ai dit. Je vous conjure, la première fois que vous le verrez, de lui parler de vous-même de ces bruits-là. Cela viendra aisément à propos, car je lui ai donné les Maximes, et[2] il vous le dira sans doute ; mais je vous prie de lui en parler bien comme il faut pour lui[3] mettre dans la tête que ce n’est autre chose qu’une plaisanterie[4] ; et je ne suis pas assez assurée de ce que vous en pensez pour répondre que vous direz bien, et je pense qu’il faudroit commencer par persuader l’ambassadeur. Néanmoins il faut s’en lier à votre habileté ; elle est au-dessus des maximes ordinaires ; mais enfin persuadez-le. Je hais comme la mort que


    et littéraires (tome X, p. 117-129) huit lettres de Mme de la Fayette à Mme de Sablé, dont celle-ci est la dernière, nous apprend qu’elles ont toutes paru (avec quelques légères variantes), en 1821, dans un livre bizarre de J. Delort : Mes Voyages aux environs de Paris (tome I, p. 217-224). Delort joint à son texte un fac-similé de celle qu’il a placée en tête.

  1. Tel est le texte de Sainte-Beuve ; dans celui de Delort, reproduit par Édouard Fournier : « d’une autre ».
  2. Delort et Éd. Fournier ont omis et, ici et deux lignes plus bas.
  3. Chez Delort et Fournier, le, au lieu de lui si c’est le vrai texte, c’est sans doute que Mme de la Fayette avait voulu d’abord employer un autre verbe, comme le convaincre, le persuader, qui revient plusieurs fois dans la suite immédiate.
  4. Ceci n’est pas clair. À quoi s’applique le mot de « plaisanterie » ? À ces dits-là, ces bruits-là, ou bien aux Maximes ? Nous croyons, vu l’objet même et la suite de la lettre, devoir adopter la première explication, bien que la seconde, préférée par Éd. Fournier, paraisse tirer quelque vraisemblance d’une lettre antérieure dont nous parlons à la suite de celle-ci, et où nous voyons Mme de la Fayette appliquer à ces maximes qui la révoltent le même mot de « plaisanterie », et ne trouver, pour atténuer son blâme, d’autre tour que de les traiter de pur jeu d’esprit. Le passage est, en tout cas, fort obscur.