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DE LA NOTICE BIOGRAPHIQUE

les gens de son âge puissent croire que j’ai des galanteries[1]. Il me[2] semble qu’on leur paroît cent ans dès qu’on[3] est plus vieille qu’eux, et ils sont tous propres à s’étonner qu’il soit encore question des gens ; et de plus il croiroit plus aisément ce qu’on lui diroit de M. de la R. F.[4] que d’un autre. Enfin je ne veux pas qu’il en pense rien, sinon qu’il est de mes amis, et je vous prie[5] de n’oublier non plus de lui ôter cela de la tête, si tant est qu’il l’ait[6], que j’ai oublié votre message. Cela n’est pas généreux de vous faire souvenir d’un service en vous en demandant un autre. »

En marge : « Je ne veux pas oublier de vous dire que j’ai trouvé terriblement de l’esprit au comte de Saint-Paul. »


Parmi les huit lettres de Mme de la Fayette à Mme de Sablé, il y en a doux, les n05 2 et 3 d’Édouard Fournier (p. 120-122), qui nous paraissent confirmer la date assignée par Sainte-Beuve, non pas au commencement d’amitié, mais à la tendre intimité et aux quotidiennes relations. Qu’on veuille bien relire les extraits que M. Gilbert a donnés, au tome I, p. 374 et 375, de ces deux lettres, dont la première a échappé à Cousin et à Sainte-Beuve. Elles sont du temps où les Maximes, déjà imprimées quand fut écrite la lettre où il s’agit du comte de Saint-Paul, étaient encore manuscrites, c’est-à-dire, très-probablement, d’une de ces dix années antérieures à 1665, qu’avant Sainte-Beuve on comprenait dans l’époque d’étroite intimité. L’auteur avait communiqué son écrit à Mme de Sablé, qui, à son tour, sans paraître agir au nom de l’auteur, le communiquait aux personnes considérées comme les plus capables d’en bien juger. Or peut-on dire que le jugement qu’en porte Mme de la Fayette et la manière dont il est exprimé, surtout dans le premier

  1. Sainte-Beuve fait remarquer (p. 238) que Mme de la Fayette s’applique là une idée qu’elle a exprimée dans son roman de la Princesse de Clèves (tome I, p. 120, édition de 1678) : « Mme de Clèves… étoit dans cet âge où l’on ne croit pas qu’une femme puisse être aimée quand elle a passé vingt-cinq ans. »
  2. Au lieu de leur, qui est le texte de Sainte-Beuve et peut-être bien le texte original, Delort et Fournier ont me, qui est en effet bien préférable pour le sens. Il est probable que l’intention de Mme de la Fayette avait été de mettre : « Il leur semble qu’on a cent ans. »
  3. Chez Delort et Fournier, « dès que l’on ».
  4. Le nom propre est ainsi en abrégé dans l’original. Tournier croit voir là une petite preuve de « rare délicatesse. »
  5. Delort et Fournier ont supplie, au lieu de prie ; à la suite, Fournier omet cela après ôter.
  6. Tel est le texte de Sainte-Beuve ; chez Fournier, « qui le l’eust » ; chez Delort, « qui le l’ait ». Ce le de trop est probablement, par inadvertance, dans l’autographe.