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ET MAXIMES MORALES
LXIX
S’il y a un amour pur et exempt du mélange de nos autres passions, c’est celui[1] qui est caché au fond du cœur, et que nous ignorons nous-mêmes, (éd. 1*.)
LXX
Il n’y a point de déguisement qui puisse longtemps cacher l’amour où il est, ni le feindre où il n’est pas[2]. (éd. 1.)
LXXI
Il n’y a guère de gens qui ne soient honteux de s’être aimés, quand ils ne s’aiment plus[3]. (éd. 5.)
- ↑ Var. : Il n’y a point d’amour pur… que celui… (1665.) — L’édition de M. de Barthélémy donne : « de mélange, » et « celle qui est cachée. » — Voyez la maxime 76.
- ↑ Pascal (Discours sur les passions de l’amour, tome II, p. 261) pense que le faux-semblant mène vite à la réalité : « L’on ne peut presque faire semblant d’aimer, que l’on ne soit bien près d’être amant. » — Mme de Sablé (maxime 80) : « L’amour a un caractère si particulier qu’on ne peut le cacher où il est, ni le feindre où il n’est pas. » — Meré (maxime 460) : « Il est impossible, quand on aime, de laisser croire que l’on hait. » — On a interprété dans le même sens ce verset du Livre des Proverbes (chapitre vi, verset 27) : Numquid potest homo abscondere ignem in sinu suo, ut vestimenta illius non ardeant ? « L’homme peut-il si bien renfermer dans son sein le feu dont il brûle, que ses vêtements n’en soient brûlés ? » — Voyez les maximes 102, 108 et 559.
- ↑ C’est après avoir mis et commenté cette maxime dans une lettre de Julie (la Nouvelle Héloïse, 3e partie, lettre xx), que J. J. Rousseau ajoute en note : « Je serois bien surpris que Julie eût cité la Rochefoucauld en toute autre occasion; jamais son triste livre ne sera goûté des bonnes gens. » — Voyez la 18e des Réflexions diverses.