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RÉFLEXIONS OU SENTENCES
LXXII
Si on juge de l’amour par la plupart de ses effets, il ressemble plus à la haine qu’à l’amitié[1]. (éd. 1.)
LXXIII
On peut trouver des femmes qui n’ont jamais eu de galanterie, mais il est rare d’en trouver qui n’en aient jamais eu qu’une[2]. (éd. 1*.)
LXXIV
Il n’y a que d’une sorte d’amour[3], mais il y en a mille différentes copies. (éd. 1*.)
- ↑ Fortia d’Urban remarque, après l’abbé de la Roche, « qu’il semble que l’ancienne mythologie ait eu cette maxime en vue, quand elle a donné pour attributs à l’amour un bandeau, une torche, des flèches, un joug, des chaînes, et que Virgile (Églogue VIII, vers 43-45) le fait naître parmi les peuples les plus barbares. » — La Bruyère (du Cœur, no 39, tome I, p. 205) : « L’on veut faire tout le bonheur, ou si cela ne se peut ainsi, tout le malheur de ce qu’on aime. » — Voyez les maximes iii, 321, et la 8e des Réflexions diverses.
- ↑ Var. : qui n’ont jamais fait de galanterie… qui n’en aient jamais fait qu’une. (1665.) — Il y a beaucoup de femmes qui n’ont jamais fait de galanterie ; mais je ne sais s’il y en a qui n’en aient jamais fait qu’une. (Manuscrit.) — Voyez les maximes 369, 471 et 499.
- ↑ Var. : Il n’y a d’amour que d’une sorte. (Manuscrit.) — Voyez la maxime 77. — Vauvenargues (p. 80) : « Autre maxime de roman. L’amour prend le caractère des cœurs qu’il surmonte : il est violent, impérieux, et jaloux jusqu’à la fureur, dans quelques-uns ; il est tendre, aveugle et soumis, dans quelques autres ; il est passionné et volage, dans la plupart des hommes ; mais il lui arrive quelquefois d’être fidèle. » — Vauvenargues disait pourtant, dans une maxime, qu’il a supprimée, il est vrai (la 755e, Œuvres, p. 477) : « La constance est la chimère de l’amour. »