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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/222

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RÉFLEXIONS OU SENTENCES

CXXXV

On est quelquefois aussi différent de soi-même que des autres[1]. (éd. 1*.)

CXXXVI

Il y a des gens qui n’auroient jamais été amoureux, s’ils n’avoient jamais entendu parler de l’amour[2]. (éd. 2.)

  1. Var. : Chaque homme n’est pas plus différent des autres au il l’est souvent de lui-même. (Manuscrit.) — Chaque homme se trouve quelquefois aussi différent de lui-même qu’il l’est des autres. (1665.) — Sénèque (épître cxx) : Nemo non quotidie et consilium mutat et votum ;… alius prodit atque alius ;… impar sibi est. Magnam rem puta unum hominem agere. « Personne qui ne change chaque jour de volonté et de désir ;… on se montre tantôt d’une façon, tantôt d’une autre ;… on n’est jamais pareil à soi-même. Tenez que c’est chose difficile d’être toujours le même homme. » — Montaigne (Essais, livre II, chapitre i, tome II, p. 11) : « [il] se treuue autant de différence de nous à nous mêmes, que de nous à aultruy. » — Pascal (de l’Esprit géométrique, tome II, p. 300) : « Il n’y a point d’homme plus différent d’un autre que de soi-même, dans les divers temps. » Voyez les maximes 51 et 478.
  2. Voyez les maximes 69 et 76. — Pascal (Discours sur les passions de l’amour, tome II, p. 255) : « À force de parler d’amour, on devient amoureux. » — Vauvenargues (maxime 89, Œuvres, p. 877) : « La coutume fait tout, jusqu’en amour. »