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RÉFLEXIONS OU SENTENCES

CXLIV

On n’aime point à louer, et on ne loue jamais personne sans intérêt[1]. La louange est une flatterie habile, cachée, et délicate, qui satisfait différemment celui qui la donne et celui qui la reçoit : l’un la prend comme une récompense de son mérite ; l’autre la donne pour faire remarquer son équité et son discernement[2]. (éd. 1.)

CXLV

Nous choisissons souvent des louanges empoisonnées qui font voir, par contre-coup, en ceux que nous louons, des défauts que nous n’osons découvrir d’une autre sorte[3]. (éd. 1*.)

CXLVI

On ne loue d’ordinaire[4] que pour être loué. (éd. 1*.)


    leur donnons des louanges. (1665.) — Voyez les maximes 144, 146, 279, 356 et 530.

  1. Duclos (tome I, p. 97, Considérations sur les mœurs de ce siècle, chapitre iii) : « Les louanges d’aujourd’hui ne partent guère que de l’intérêt. »
  2. Voyez les maximes 143, 146, 356 et 530.
  3. Var. : … que nous n’osons découvrir autrement. Nous élevons la gloire des uns pour abaisser par là celle des autres, et on loueroit moins Monsieur le Prince et M. de Turenne, si on ne les voulait point blâmer tous deux. (1665 A, B et C.) La contrefaçon que nous indiquons par 1665 D n’a pas cette addition. La maxime y finit à autrement. C’est à partir de la 2e édition (1666) que la dernière phrase citée dans cette note forme une maxime séparée, sous le n° 198. — Tacite (Agricola, chapitre xli) : Pessimum inimicorum genus laudantes. « Il n’y a pire ennemi que le flatteur. » — Voyez les maximes 148 et 198.
  4. L’édition de 1665 n’a pas : d’ordinaire. — Voyez les maximes 243, 244, 356 et 530. — Cette pensée se retrouve mot pour mot (sauf ordinairement, pour d’ordinaire) dans les maximes de Meré, sous le n° 351.