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ET MAXIMES MORALES
CXLVII
Peu de gens sont assez sages pour préférer le blâme qui leur est utile à la louange qui les trahit[1]. (éd. 1*.)
CXLVIII
Il y a des reproches qui louent, et des louanges qui médisent[2]. (éd. 1.)
CXLIX
Le refus des louanges est un désir d’être loué deux fois[3]. (éd. 1.)
- ↑ Var. : … pour aimer mieux le blâme qui leur sert que la louange qui les trahit. (1665.) — Vitellius, au dire de Tacite, était de
ceux-là (Histoires, livre III, chapitre lvi) : … Ita formatis Principis auribus, ut aspere quæ utilia, nec quidquam nisi jucundum et læsurum acciperet. « Les oreilles du Prince étaient ainsi faites, que les
conseils utiles lui étaient insupportables ; il n’écoutait que ceux qui
lui étaient agréables, dussent-ils lui nuire. » — « C’est que, dit l’abbé
de la Roche, peu de personnes mettent en pratique ce beau vers de
Caton le poète (livre I, distique 14) :
Quum te aliquis laudat, judex tuus esse memento.
« Lorsqu’on te loue, n’oublie pas de te faire ton propre juge. » — Salomon dit de son côté (Livre des Proverbes, chapitre xiii, verset 18) : Qui acquiescit arguenti glorificabitur. « Qui accepte le blâme sera glorifié. »
- ↑ Pline le Jeune (livre III, lettre xii) : Ita reprehendit ut laudet. « Il blâme d’une façon qui loue. » — Voyez les maximes 145 et 198.
- ↑ J. Esprit (tome II, p. 76) : « La modestie qui, en apparence, ne peut souffrir les louanges, en est une secrète recherche. » — Voyez les maximes 184, 327, 383, 554, 596, et ci-dessus, p. 7 et note 2, le Portrait de la Rochefoucauld par lui-même.