Aller au contenu

Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
104
RÉFLEXIONS OU SENTENCES

comme les poisons entrent dans la composition des remèdes[1] : la prudence les assemble et les tempère, et elle s’en sert utilement contre les maux de la vie. (éd. 1*.)

CLXXXIII

Il faut demeurer d’accord, à l’honneur de la vertu, que les plus grands malheurs des hommes sont ceux où ils tombent par les crimes[2]. (éd. 5*.)

CLXXXIV

Nous avouons nos défauts, pour réparer par notre sincérité le tort qu’ils nous font dans l’esprit des autres[3]. (éd. 1*.)

  1. L’édition de 1665 ajoutait ici : « de la médecine. » — Pascal (Pensées, article XII, 12) : « Nous ne nous soutenons pas dans la vertu par notre propre force, mais par le contre-poids de deux vices opposés, comme nous demeurons debout entre deux vents contraires. » — Selon Vauvenargues (Introduction à la Connaissance de l’esprit humain, livre III, 43, et 1er Discours sur la Gloire, Œuvres, p. 53 et p. 128), dans ce mélange, c’est la vertu qui domine, et le vice n’obtient point d’hommage réel ; si les vices vont au bien, c’est qu’ils sont mêlés de vertus, de patience, de tempérance, de courage, etc.
  2. Var. : Il faut demeurer d’accord, pour l’honneur de la vertu… par leurs crimes. (Manuscrit.) — Selon Vigneul-Marville, c’est-à-dire le chartreux dom Bonaventure d’Argonne (Mélanges d’histoire et de littérature, 1725, tome I, p. 325), « cette maxime a été faite pour le chevalier de Rohan, qui, après une vie d’aventures et de désordres, fut décapité en 1674. » — Il nous paraît douteux que la Rochefoucauld ait eu particulièrement en vue le chevalier de Rohan ; sa pensée a une application plus générale, et par conséquent une portée plus grande.
  3. Var. : Nous avouons nos défauts, pour réparer le préjudice qu’ils nous font dans l’esprit des autres, par l’impression que nous donnons de la justice du nôtre. (Manuscrit.) — Nous avouons nos défauts, afin qu’en donnant bonne opinion de la justice de notre esprit, nous répa-