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RÉFLEXIONS OU SENTENCES

CCLXXI

La jeunesse est une ivresse continuelle : c’est la fièvre de la raison[1]. (éd. 1*.)

CCLXXII

Rien ne devroit plus humilier les hommes qui ont mérité de grandes louanges[2], que le soin qu’ils prennent encore de se faire valoir par de petites choses[3]. (éd. 5*.)

CCLXXIII

Il y a des gens, qu’on approuve dans le monde, qui n’ont pour tout mérite que les vices qui servent au commerce de la vie[4]. (éd. 1*.)

CCLXXIV

La grâce de la nouveauté est à l’amour ce que la fleur

  1. Var. : c’est la fièvre de la santé ; c’est la folie de la raison. (1665.) — c’est la fièvre de la vie ; c’est la folie de la raison. (1666.) — Nous avons déjà cité plus haut, p. 63, note 1, ce que Platon (des Lois, livre II) dit de « l’ardente jeunesse, incapable de rester en repos. » Fénelon (Télémaque, livre IV) l’appelle « un temps de folie et de fièvre ardente. » — La Rochefoucauld reprendra la comparaison de la fièvre pour l’appliquer à l’amour (maxime 638).
  2. Var. : qui ont mérité quelque louange. (Manuscrit.)
  3. Ces petites choses seraient-elles, par hasard, les Maximes, que la Rochefoucauld composa après avoir ardemment et vainement poursuivi dans le monde la réputation et la gloire? On serait tenté de le croire, au mot quelque louange de la première version. On emploie volontiers ces correctifs modestes en parlant de soi, ou en pensant à soi.
  4. Var. : Il y a des hommes, que l'on estime, qui n'ont pour toute vertu que des vices qui sont propres à la société et au commerce de la vie. (Manuscrit.) - Voyez les maximes 90, 155, 231, 354, 468, et la Lettre du chevalier de Meré, que nous donnons plus loin.