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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/281

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ET MAXIMES MORALES

est sur les fruits : elle y donne[1] un lustre qui s’efface aisément, et qui ne revient jamais[2]. (éd. 5*.)

CCLXXV

Le bon naturel, qui se vante d’être si sensible, est souvent étouffé par le moindre intérêt[3]. (éd. 1*.)

CCLXXVI

L’absence diminue les médiocres passions, et augmente les grandes, comme le vent éteint[4] les bougies, et allume le feu. (éd. 1*.)

  1. Var. : La nouveauté est à l’amour ce que la fleur est sur le fruit : elle lui donne… (Manuscrit.)
  2. Voyez la maxime 286, et les 9e et 18e Réflexions diverses. — Saint-Évremond dit à peu près de même (Maxime, qu’on ne doit jamais manquer à ses amis. Œuvres mêlées, p. 293) : « Ces grâces (les grâces de la nouveauté) ressemblent à une certaine fleur que la rosée répand sur les fruits ; il est peu de mains assez adroites pour les cueillir sans les gâter. »
  3. Var. : La nature, qui se pique d’être si sensible, est d’ordinaire arrêtée par le plus petit intérêt. (Manuscrit.) — Le bon naturel, qui se vante d’être toujours sensible, est, dans la moindre occasion, étouffé par l’intérêt. (1665.) — Voyez la maxime 171.
  4. Var. : L’absence fait que les médiocres passions diminuent, et que les grandes croissent, comme le vent éteint… (Manuscrit.) — Faut-il rappeler qu’au moment de la guerre de Guienne, Mme de Longueville partit en avant pour Montrond, la Rochefoucauld étant retenu à Paris, et que, pendant cette courte séparation, elle le quitta pour le brillant duc de Nemours ? — Saint François de Sales (Introduction à la Vie dévote, livre III, chapitre xxxiii) : « Ce sont les grands feux qui s’enflamment auvent ; mais les petits s’esteignent, si on ne les y porte à couuert. » — Si l’on en croit Montaigne, l’absence ravivait en lui l’amour et l’amitié (Essais, livre III, chapitre ix, tome III, p. 484 et p. 487) : « Quant aux debuoirs de l’amitié maritale, qu’on pense estre intéressez par cette absence, ie ne le crois pas… et chascun sent, par expérience, que la continuation de se veoir ne peult représenter le plaisir que l’on sent à se desprendre