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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/294

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RÉFLEXIONS OU SENTENCES

de notre cœur à nos amis, n’est pas tant la défiance que nous avons deux, que celle que nous avons de nous-mêmes[1]. (éd. 3*.)

CCCXVI

Les personnes foibles ne peuvent être sincères[2]. (éd. 3*.)

CCCXVII

Ce n’est pas un grand malheur d’obliger des ingrats, mais c’en est un insupportable d’être obligé à un malhonnête homme[3]. (éd. 3.)

CCCXVIII

On trouve des moyens pour guérir de la folie, mais on n’en trouve point pour redresser un esprit de travers[4]. (éd. 3*.)

  1. Var. : Ce qui fait que nous nous cachons à nos amis, n’est pas la défiance que nous avons d’eux, mais celle que nous avons de nous. (Manuscrit.) — Selon plusieurs autres maximes (62, 184, 327, 383, 494 et 609), cette défiance ne nous empêche pas d’avouer parfois nos défauts, par vanité, ou par adresse.
  2. Var. : Les gens foibles ne sauroient avoir de sincérité. (Manuscrit.) — Voyez les maximes 62 et 445. — L’annotateur contemporain objecte que parfois elles ne sont que trop sincères.
  3. Livre de l’Ecclésiastique (chapitre xxv, verset 11) : Beatus… qui non servit indignis. « Heureux qui ne dépend pas d’hommes indignes. » — Voyez les maximes 96 et 229. — La Bruvère (du Cœur, n° 46, tome I, p, 206) : « Je ne sais si un bienfait qui tombe sur un ingrat, et ainsi sur un indigne, ne change pas de nom, et s’il méritoit plus de reconnoissance. »
  4. Var. : Ou a des moyens pour guérir des fous de leur folie, mais on n’en a point pour redresser des esprits de travers. (Manuscrit.) — Voyez les maximes 448 et 502.