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ET MAXIMES MORALES

CCGXLII

L’accent du pays où l’on est né demeure dans l’esprit et dans le cœur, comme dans le langage[1]. (éd. 4*.)

CCCXLIII

Pour être un grand homme, il faut savoir profiter de toute sa fortune[2]. (éd. 4.)

CCCXLIV

La plupart des hommes ont, comme les plantes, des propriétés cachées[3] que le hasard fait découvrir. (éd. 4*.)

  1. Le chartreux dom Bonaventure d’Argonne (Vigneul-Marville, tome I, p. 324) rapporte cette maxime au duc d’Épernon, qui ne put jamais se défaire de son accent gascon ; Aimé-Mariin (p. 110) y voit, avec plus de vraisemblance, une allusion à Mazarin. — Mme de Rohan, abbesse de Malnone (voyez plus loin, dans ce volume, sa lettre sur les Maximes), déclare qu’elle ne connaît point ces accents qui demeurent dans l’esprit et dans le cœur. — Peut-être est-ce pour répondre à cette critique que l’auteur, selon le Supplément de l’édition de 1693 (n° 19), aurait ainsi modifié le commencement de cette pensée : « L’accent et le caractère du pays… » Sous cette forme, la maxime pouvait encore mieux s’appliquer à Mazarin.
  2. L’auteur avait-il en vue le comte d’Harcourt ? En tout cas, il lui reproche plusieurs fois dans les Mémoires de n’avoir pas su profiter de tous ses avantages et d’avoir laissé échapper des occasions « où sa fortune et la négligence des troupes de Monsieur le Prince lui avoient offert une entière victoire. » — Voyez les maximes 169 et 437.
  3. Le Supplément de 1693 (n° 20) n’a pas le mot cachées. — Voyez les maximes 404, 505 et 594.