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RÉFLEXIONS OU SENTENCES

toujours en notre pouvoir de rétablir notre réputation[1]. (éd. 4*.)

CDXIII

On ne plaît pas longtemps quand on n’a qu’une sorte d’esprit[2]. (éd. 5.)


    de les désavouer quand on nous les reproche. » — Voyez les maximes 134, 202, 457 et 641.

  1. Var. : De quelque honte que l’on soit couvert, on peut toujours rétablir sa réputation. (Manuscrit.) — Surtout par une belle mort, comme ce Sempronius que Tacite nous montre s’offrant lui-même aux coups des meurtriers, et dont il dit (Annales, livre I, chapitre liii) : … Constantia mortis haud indignus Sempronio nomine ; vita degeneraverat. « Par la fermeté de sa mort, il ne fut pas indigne du nom de Sempronius, que sa vie avait démenti. »
  2. Les maximes, à partir de celle-ci, appartiennent à la 5e et dernière édition, donnée par l’auteur en 1678, deux ans avant sa mort. — Selon Segrais (Mémoires, p. 86), cette réflexion, qu’il cite d’ailleurs inexactement, serait à l’adresse de Racine et de Boileau : « C’est à leur occasion, dit-il, que M. de la Rochefoucauld a établi la maxime que c’est une grande pauvreté de n’avoir au une sorte d’esprit, parce que tout leur entretien roule sur la poésie ; ôtez-les de là, ils ne savent plus rien. » — Le témoignage de Segrais est d’autant plus suspect que, dans le même recueil (p. 65), on le prend en flagrant délit d’interprétation malveillante, au moins contre Boileau. En citant cette pensée de Mme de la Fayette : « Celui qui se met au-dessus des autres, quelque esprit qu’il ait, se met au-dessous de son esprit, » il ajoute, de son chef : « Despréaux est de ces gens-là. » Sans doute, au moment où Segrais faisait cette application, Boileau n’avait point encore écrit (Art poétique, chant IV, vers 201), en invitant les poètes à chanter le nom de Louis XIV :
    Que Segrais, dans l’églogue, en charme les forêts.

    C’est surtout en ce qui regarde Racine que l’observation de Segrais tombe tout à fait à faux. Le grand tragique disait lui-même à ses fils : « Sans fatiguer les gens du monde du récit de mes ouvrages, dont je ne leur parle jamais, je me contente de leur tenir des propos amusants, et de les entretenir de choses qui leur plaisent. Mon talent, avec eux, n’est pas de leur faire sentir que j’ai de l’esprit, mais de leur apprendre qu’ils en ont. » (Mémoires sur la vie de Jean Racine ; voyez l’édition de M. Mesnard, tome I, p. 296 et 296.) — Saint-Simon, qui