CDXIV
Les fous et les sottes gens ne voient que par leur humeur[1]. (éd. 5*.)
CDXV
L’esprit nous sert quelquefois à faire hardiment[2] des sottises[3]. (éd. 5.)
CDXVI
La vivacité qui augmente en vieillissant ne va pas loin de la folie[4]. (éd. 5.)
- ↑ Var. : Le sot ne voit jamais que par l’humeur, parce qu’il ne peut voir par l’esprit. (Manuscrit.) — Or, selon la maxime 290, il y a plus de défauts dans l’humeur que dans l’esprit.
- ↑ La 5e édition (1678) et celle de 1693, qui en reproduit le texte, mettent hardiment après quelquefois. C’est sans aucun doute une faute. Nous suivons le texte de l’Appendice à la 4e édition (1676).
- ↑ Vauvenargues (maxime 806, Œuvres, p. 480) : « Sans justesse, on est d’autant moins raisonnable qu’on a plus d’esprit. » — La Rochefoucauld a déjà dit même chose dans la maxime 340, à propos de l’esprit des femmes. Voyez aussi la 16e des Réflexions diverses.
- ↑ L’annotateur contemporain trouve cette pensée belle et vraie, mais il ne croit pas que ce puisse être une règle universelle, et cite l’exemple de Monsieur de Meaux (Bossuet), dont le livre des Quiétistes (contre Fénelon) est plus animé que tous ses livres, quoiqu’il soit le dernier ; mais il est présumable que la Rochefoucauld a voulu parler plutôt de la vivacité du caractère que de la vivacité de l’esprit.
n’est pas suspect d’indulgence, dit dans ses Mémoires (tome II, p. 271) : « Personne n’avoit plus de fonds d’esprit, ni plus agréablement tourné ; rien du poëte dans son commerce, et tout de l’honnête homme, de l’homme modeste, et, sur la fin, de l’homme de bien. » On sait enfin que Louis XIV, qui s’y connaissait, disait de Racine que personne à sa cour n’avait plus grand air ; or le grand Roi n’eût point accordé un tel éloge à l’homme qui n’aurait en que les habitudes et le langage d’un pédant. — Voyez les 2e et 16e Réflexions diverses.