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RÉFLEXIONS OU SENTENCES


CDXXXI

Rien n’empêche tant d’être naturel que l’envie de le paroître[1]. (éd. 5*.)

CDXXXII

C’est, en quelque sorte, se donner part aux belles actions que de les louer de bon cœur[2]. (éd. 5.)

CDXXXIII

La plus véritable marque d’être né avec de grandes qualités, c’est d’être né sans envie[3]. (éd. 5.)

CDXXXIV

Quand nos amis nous ont trompés, on ne doit que de l’indifférence aux marques de leur amitié, mais on doit toujours de la sensibilité à leurs malheurs[4]. (éd. 5.)

  1. Var. : Ce qui nous empêche d’être naturels, c’est l’envie de le paroître. (Manuscrit.) — « Cette maxime est bien vraie, dit Mme de Sablé (même lettre), car le naturel ne se trouve point où il y a de l’affectation. » — Voyez les maximes 107, 134, 203, 372 et 411.
  2. Mme de Sablé (même lettre) : « Il n’y a rien de si beau ni de si vrai. » — Toutefois, si l’on en croit Charron (de la Sagesse, livre I, chapitre xxxix), le cas serait assez rare : « Il y en a qui font les ingénieux et subtils à desprauer et obscurcir la gloire des belles actions ; en quoy ils monstrent beaucoup plus de mauuais naturel que de suffisance ; c’est chose aysée, mais fort vilaine. »
  3. Mais, selon la maxime 486, rien de moins commun. — Il y a analogie de sens entre cette pensée et la précédente ; Mme de Sablé (même lettre) la marque comme très-belle. — Voyez les maximes 328 et 476.
  4. Cette pensée est noblement contradictoire à plusieurs autres qui traitent de l’amitié et de la pitié, notamment aux maximes 83, 264 et 583. — Voyez aussi le Portrait de la Rochefoucauld par lui-même, ci-dessus, p. 9 et 10.