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MAXIMES SUPPRIMÉES

d’Athènes de se plaindre du médecin qui l’avoit guéri de l’opinion d’être riche[1]. (1665, n° civ.)

DLXXXIX

Les philosophes, et Sénèque sur tous[2], n’ont point ôté les crimes par leurs préceptes : ils n’ont fait que les employer au bâtiment de l’orgueil[3]. (1665, n° cv.)

DXC

C’est une preuve de peu d’amitié de ne s’apercevoir pas du refroidissement de celle de nos amis[4]. (1666, n° xcvii. — 1671 et 1675, n° xcvi.)

DXCI

Les plus sages le sont dans les choses indifférentes[5], mais ils ne le sont presque jamais dans leurs plus sérieuses affaires. (1665*, n° cxxxii.)

DXCII

La plus subtile folie se fait de la plus subtile sagesse[6]. (1665, n° cxxxiv.)

  1. Cette pensée ressemblait trop à la 92e ; c’était d’ailleurs un trait d’esprit plutôt qu’une maxime.
  2. Tel est le texte des diverses impressions de 1665. Voyez le Lexique, au mot Surtout.
  3. M. de Barthélémy donne : « en bâtiment de l’orgueil. » — Amelot : « à l’édifice de l’orgueil. » — Pascal (Pensées, article XII, 1) se demande également avec doute si les philosophes ont trouvé le remède à nos maux.
  4. Vauvenargues (p. 84) trouve cette réflexion commune ; l’auteur en jugeait sans doute ainsi lui-même, car il l’a supprimée, on le voit, dans sa dernière édition.
  5. Var. : … dans toutes les choses indifférentes. (Manuscrit.)
  6. L’auteur a supprimé cette pensée, sans doute parce que c’était une réminiscence trop forte de Moutaigne (Essais, livre II, chapitre xii, tome II, p. 241) : « De quoy se faict la plus subtile folie, que de la plus subtile sagesse ? » — Pascal a dit à peu près dans le même sens (Pensées, article VI, 14) : « L’extrême esprit est accusé de folie, comme l’extrême défaut (d’esprit). » — Meré (maximes 248 et 539) : « Il n’y a point de sage qui n’ait été fou, et de fou qui ne puisse devenir sage. » — « La folie précède toujours la sagesse ; on ne connoit celle-ci que par l’autre ; il faut s’être égaré avant que de se mettre dans le bon chemin. »